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PARTIR-OFFRIR - MISSION SANS FRONTIERES (BOSNIE  Mostar)

- 21 Avril / 26 Avril 2003 -


 

Top départ, le lundi 21 Avril 2003, sur les coups de 7 heures

En course nous trouvons 3 camions : Le trafic de François, avec aussi à son bord Caroline et Alfred (alias "Al Fonce" !), la Caravelle de Gregory accompagné de son père Christian, et enfin le Boxer de Jérôme et Fanny avec Laurent, frais et dispo (Sauf Jérôme avec un vieux reste de grippe !), prêts à dévorer les kilomètres… A la rencontre de Mission Sans Frontières, organisation internationale, dont une antenne est implantée en Bosnie, à Mostar, ville de 60000 habitants. C’est là un premier contact, pour une future coopération que nous espérons constructive et durable…

 

« LE PEDIGREE DE L’ÉQUIPE »

François : Gennes/Saumur 49, « the Chief »  43 ans, Chef d’entreprise, artisan dans la protection incendie (qui veut un extincteur ?!).

Caroline : Paris 75,  « la Blonde intelligente » avec un B majuscule s’il vous plait, 29 ans, juriste dans une entreprise de construction.

Al (fred)… : Angers 49, retraité, ingénieur des travaux publics, 65 ans.

Grégory : Tours 37, musicien et « meneur de revue », 30 ans, avec sa super Caravelle TDI.

Christian : Chinon 37, alias « Hamster Jovial », accessoirement le papa de Greg, 56 ans, retraité des assurances.

Jérôme : Gennes/Saumur 49, 33 ans, professeur d’Arts Plastiques.

Fanny : Laval 53, alias « Dame Fanny », 27 ans, assistante sociale.

Laurent : Angers 49, 37 ans, ex-collègue de Jérôme, professeur de « vente-business ».

            

Cest parti ! Notre point de départ : Milly, à côté de Gennes, direction Mostar, à quelques 1971 Kms de là. Ce sont le Trafic et le Boxer qui ouvrent le bal, pour retrouver un peu plus loin la Caravelle, au centre du rond point « squatté » de Chinon, point des ralliements traditionnels de Partir-Offrir .

11h15, arrivée à Montargis pour une halte toujours  appréciée, chez Eric et Arlette : un dernier vrai repas chaud en France. Aussi nous faut-il compléter les chargements des véhicules, par un passage au dépôt géré par Eric (qui partirait bien avec nous ! Non Eric, ton bébé à besoin de son papa !) : Vêtements, chaussures, matériel scolaire, vaisselle, jouets, eau de javel et produits d’hygiène finissent d’alourdir nos camions. On oubliera ici de parler trop en détails, de la légère « touchette » du Boxer et de la stupide Safrane mal garée… troubles de la vision de Jérôme, dommages collatéraux de la grippe !…

Vers 13h30, reprise des volants pour une traversée de la France sans encombres. François s’essaye à une nouvelle discipline : traversée et saut des travées d’autoroutes, pour se rendre systématiquement aux bureaux des péages,  pour faire signer les dossiers de gratuité de passage.  Nous arrivons vers 21 heures au Tunnel du Mont Blanc, derniers kilomètres sur le sol français, derrière le Trafic qui peine à l’assaut de la montagne

Traversée de l’Italie de nuit, sans grande circulation, la route au long cours, ambiance feutrée et paisible au sein des cabines.  Nouveau sport en vogue : essais et changements de travées de péage, selon les modes de paiements : avec ou sans guichetier ?!…

 

Mardi 22 Avril, 7h15

L’Italie est déjà derrière nous, arrivée à la douane slovène : Toujours un passage délicat, il faut faire preuve d’un zèle administratif extrême, à l’image des exigences locales, à grands renforts de papiers et autres documents officiels. Pourtant  nous nous voyons répondre, malgré tous nos efforts pour être en règle, que nous avons bien le temps d’aller prendre un café… il durera 2h30 ! Enfin, nous obtenons le plombage des camions. Nouveau souci : pour les transitaires douaniers, les véhicules doivent être équipés de pattes de plombage, rivetées à l’intérieur des feuillures de portes ; les nôtres sont à l’extérieur ou collées (n’est-ce pas Greg ?), résultat des courses : Greg n’a pas le droit à son plomb, et les autres sont posés avec la grimace en prime du douanier. Sans compter les taxes de passages : 25 Euros par véhicule, plus 9 Euros pour le parking obligatoire (chercher l’erreur !).

30 kilomètres plus loin, impossible de passer la frontière Slovénie/ Croatie : nous ne sommes pas au bon point de passage, les convois humanitaires doivent se présenter (et même s’arrêter longuement !) à 17 kilomètres de là. Attente à nouveau pour d’éternelles formalités douanières ! Et pour le reste de l’équipe, en stand by sur le bitume du chaleureux parking, l’occasion lui est donnée de faire une petite sieste. Notre traversée de la Slovénie d’à peine 50 kilomètres nous aura pris plus de 6 heures ; il est alors 13h30, et encore il faut mettre la main au porte monnaie : coût 28 Euros 50.

Premiers tours de roues sur la terre croate. Nous voilà partis pour près de 700 kilomètres de route côtière accidentée et montagneuse, sur la façade adriatique : superbes paysages rocailleux, luxuriance des cactées et petits villages de pêcheurs ponctuent notre trajet. La route est très sinueuse, à flan de rochers et sous une chaleur estivale, les chauffeurs commencent à fatiguer. La pose pique-nique s’avère bien agréable. Puis jusqu’au soir, la même route certes magnifique mais interminable, avec couché de soleil en prime. Pour  le repas, nous testons les boulettes de viandes hachées aux oignons, spécialité  locale : « Cevapcicis » ; rechargement des batteries pour attaquer la route de nuit lors de cette longue pose que nous nous octroyons.

22h30, on the road again… Après quelques temps, grosse fatigue dans l’ensemble des véhicules, seuls les 3 chauffeurs, dans une ambiance paisible et musicale, ponctuée d’interventions cibi, grignotent inlassablement les kilomètres…  Arrivée à la douane croato-bosniaque, il est 4 heures du matin.  Dommage, les services douaniers n’ouvrant qu’à 7 heures, nous nous voyons imposé un repos forcé : Chacun organise sa petite nuit de 3 heures. Les uns en couchette, avec ou sans volant (fidèle compagnon de tous les instants, mais pas très confortable !). D’aucun, tel « Hamster Jovial » préfère la vie au grand air, bien installé sur le bitume dans son duvet…

Un peu avant 7 heures, réveil fébrile avec la fraîcheur du matin qui vient nous gagner, il est temps de se motiver pour attaquer les festivités au bureau du transitaire qui se fait déjà attendre.

 

Nous sommes le Mercredi 23 Avril

Finalement tout se passe bien, en un temps record d’1h.30. Joël, ne nous avais tu pas prédis quelques dizaines d’heures en souvenir d’un précédent passage !  Merci François pour tes formidables « feuilles de voitures » fort appréciées de notre charmante transitaire, qui avait déjà sur son bureau les bons documents faxés par Mission Sans Frontières… Ce qui n’a pas empêché le douanier de venir déplomber pour vérifier les chargements, à grands coups de couteaux plantés dans les cartons ; ouf les cartons d’eau de javel étaient un peu plus bas ! Il aura quand même eu le loisir d’examiner de près le contenu du « sac pique-nique » de Caroline qui vint se déverser à ses pieds à l’ouverture du Trafic. Coût des opérations dont le replombage : 30 Euros par véhicule, plus 7 Euros de parking, toujours obligatoire ! Yes ! on est passé !

Arrivée à Mostar, 40 kilomètres plus avant, vers 9 heures. Notre contact s’avère décidément fiable, le point de rendez-vous est vite trouvé et le contact tout aussi rapidement noué : Miona et son collègue Dalibre, nous escorte directement au service des douanes de la ville en vue du dédouanement : Là encore, l’attente est de mise, pour nous entendre finalement dire à 13 heures, que nous avons largement le temps d’aller déjeuner. Tout le monde retourne au QG de Mission Sans Frontières (MSF) pour goûter aux délices de notre premier repas local : 5 Pizza géantes/mayo.  Après nos 15 parts de pizza avalées, vers 15 heures, coup de téléphone du service des douanes, enfin disposé à faire sauter nos plombs.  Après une vérification par le douanier des contenus acheminés, nous voilà en direction de l’entrepôt de l’association, où nous déchargeons enfin.  C’est un vaste espace de stockage, fort bien organisé, au sein d’un quartier de tours vétustes et portant les stigmates de la guerre, où nous attendent les membres de MSF pour un coup de main bien apprécié. Pour cette opération, une heure aura suffit, et notre sentiment d’avoir menée notre mission à bon terme, nous remplit de satisfaction.

Il est alors 16h30, nous mettons à profit les quelques heures qui nous restent avant la tombée de la nuit, partant à pied faire une promenade vers la vieille ville : Tout au long de notre parcours, c’est avec une curiosité mêlée de tristesse que nous découvrons les blessures béantes de la guerre, pourtant finie depuis 10 ans : Façades criblées d’impacts de balles, monuments bombardés, bâtiments dévastés aux vitres soufflées, même le pont multi-centenaire (construit en 1566 , fier de sa spécificité architecturale : une seule arche voûtée de 27 mètres de portée, flanquée de 2 tours fortifiées,  à une hauteur de 20 mètres au dessus de la rivière « Neretva »…) emblème  de la ville, a été détruit, et aujourd’hui habillé d’échafaudages à l’initiative de l’UNESCO qui finance sa reconstruction  symbolique. Ces ruines et autres carcasses architecturales (la ville a été détruite à 80 %) contrastent  avec les bâtiments neufs, prémisses d’une renaissance difficile et longue… là, dans les bars branchés et les restaurants réservés à une faible frange aisée de la population et aux quelques touristes, les gens s’enivrent de musique… L’ensemble de la ville se trouve déchirée en deux zones distinctes séparées par la Neretva, marquant la difficile entente entre les peuples musulmans et chrétiens… Les soldats français de la SFOR, force de stabilisation, nous confirment que cette cohabitation forcée est plus que précaire, et qu’au moindre incident où départ des présences militaires, ce sont des haines exacerbées qui nourriraient les projets les plus funestes… 

Après nos 3 heures de marches et nos tristes constatations, nous rentrons au QG de MSF où nous sommes logés et le fait de trouver un toit nous réconforte. Installations faites de nos sacs de couchage et  plaisir d’une bonne douche longtemps attendue, sans oublier les forts bons restes de pizza. Fourbus, nous nous endormons d’un sommeil de plomb.

 

Jeudi 23 Avril

C’est dans une ambiance "colo", que se font les réveils ce matins là, petit déjeuner rapide et nous retrouvons vers 8 heures l’équipe de MSF, dès leur arrivée au local. Nous partons ensemble rencontrer quelques familles qui bénéficient de l’aide proposée par l’association.

Il est toujours très délicat d’aller à la rencontre de ces familles très démunies, qui vivent dans des conditions souvent  difficiles. Mais notre témoignage auprès des nombreux et généreux donateurs de l’association Partir-Offrir, nécessite aussi la rencontre de ces situations humaines extrêmes, que nous nous devons de côtoyer avec humilité et pudeur. La discrétion s’impose aussi et surtout lors de la prise de photographies, qui reste le geste le plus difficile à effectuer tant il est délicat de ne pas se positionner en voyeur insolent. Mais Greg sait faire les choses avec délicatesse et  gentillesse, le numérique permet désormais le cadrage sans viser ; ça passe bien, et notre témoignage gagne en informations visuelles (cf. site) ; ainsi un seul photographe dans ces moments là suffit amplement.

La première famille à qui nous rendons visite est la famille K. Dans un quartier d’immeubles très dense, au 1er étage du bâtiment vétuste, on nous ouvre la porte. Dans le salon, Madame K. est entourée de ses 4 enfants.  Un 5ème, malade du cancer depuis des semaines est actuellement à l’hôpital… Le billet de bus trop onéreux, empêche Madame K. de rendre visite à son fils autant qu’elle le souhaiterait… Il n’y a plus de papa, alcoolique et violent,  le couple s’est séparé. Les visages expriment un sentiment de détresse sociale extrême ; le malaise est si profond que l’adolescent de 14 ans souille son lit toutes les nuits… Manque d’argent pour renouveler les linges de lit. L’air en reste saturé…

Ensuite, nous nous dirigeons vers la périphérie de la ville, à la rencontre d’une famille dont la situation est des plus dramatiques : Nous arrivons aux abords d’un ancien hôtel de plusieurs étages, dévasté lors de la guerre et dont toutes les vitres ont été soufflées, plus une seule fenêtre en état, les murs criblés de rafales, le tout au milieu d’un immense terrain vague façon décharge. Certainement le théâtre d’affrontements sanglants il y a quelques années. Déjà nous apercevons sur les balcons qui se résument depuis la guerre à des dalles saillantes des murs, sans protections, des enfants qui nous regardent arriver. Après être passés par ce qui fût le hall de l’hôtel, dévasté comme le reste, nous arrivons dans un couloir à tous vents (les murs sont percés de trous d’artilleries) qui donne sur ce qu’il est convenu d’appeler des squats, d’ex-chambres où vie une famille de 6 personnes (les parents et leurs 4 enfants). La maman a 27 ans, le papa 33. Sans eau, ni gaz, ni électricité, dans une promiscuité indescriptible, il s’agit là de survivre au quotidien. Pas de travail, pas de ressource, plus de maison depuis la guerre, les enfants jouent dans les courants d’air des pièces, dont les fenêtres obstruées par des cartons ne laissent guère passer la lumière. Dans un espace cuisine enfumé qui se résume à une cuisinière à bois, est réchauffé un récipient qui contient un peu de pain dans de l’eau : le repas de ce midi. Un petit garçon est en train de dessiner avec un vieux bout de crayon de couleur sur un coin de chaise, à genoux par terre. « Artiste » dit Jérôme à la maman en posant la main sur la tête de son fiston, elle lui répond du même mot international qui leur permet de communiquer un peu en souriant. Bien sur, comme lui, aucun de ses frères et sœurs ne va à l’école. Trop cher, trop loin, pas de moyen de transport.

A côté de cet hôtel désaffecté, une petite maison en meilleur état abrite une famille avec 3 enfants. La maman est au foyer et le papa fait des petits travaux « au noir » dans le bâtiment. Il a la chance de pouvoir faire ces quelques travaux, le taux de chômage est de 48%. Il n’y a pas là de problème particulier, mis à part des soucis financiers récurrents. L’un des adolescents a des problèmes de surdité à cause d’une explosion de bombe qu’il a dû subir pendant la guerre. Il suit des études pour devenir tapissier. Un autre est en formation par alternance pour être menuisier. Il faut aller de l’avant et penser à leur avenir ; les parents essaient de favoriser les études. La petite sœur de 7 ans, guillerette, mange son choco BN sur un banc dehors avec insouciance…

Puis un dernier tour en ville, au 5ème étage, une autre famille nous accueille : un couple d’une quarantaine d’années avec leurs 4 garçons. Le plus jeune de 4 ans est épileptique : Blême et alité dans le salon, ne réagit même pas à notre arrivée bruyante dans la pièce, « cassé » par les médicaments. Une grosse fièvre quand il était bébé serait à l’origine d’un coma qui présente aujourd’hui ces séquelles. La famille est menacée d’expulsion imminente, les propriétaires veulent récupérer leur logement… Comment être zen ?

Enfin, dans un logement similaire, une femme de 30 ans élève seule ses 5 enfants dont 2 sont handicapés placés en institution. Son mari, rarement là, violent, lui cause de graves problèmes qui ont des répercussions sur sa santé… Dans la cuisine un robinet coule en permanence, faute de pouvoir payer le plombier qui pourrait réparer cette fuite… Au sommet  d’une étagère où gisent divers objets en vrac, une minuscule cage de quelques centimètres contient un malheureux « piaf »… nous doutons qu’il chante parfois ?…

Fin de matinée, MSF organise aujourd’hui une distribution. Les familles recensées, au nombre de 70, dont 40 à Mostar même, sont invitées à se rendre à l’entrepôt  (auparavant un membre de MSF a prévenu les familles en se rendant directement chez  elles). Notre ravitaillement des lieux permet ce jour là, un certain choix dans les produits proposés. Les gens viennent à plusieurs par famille avec sacs et cabas. Les entrées sont filtrées, et inscrites sur un registre… Les manœuvres se font sans agitation ni violence, dans un véritable respect qui nous surprend. Chacun se sert sur de grands étalages préparés, où vêtements, chaussures, vaisselle et matériel scolaire sont en libre service. Aucun abus particulier n’est observé, personne ne se sert en quantité.

C’est plein de bonheur qu’un enfant repart avec ce qui est sans doute son premier petit vélo…

 MSF organise de telles distributions plusieurs fois dans l’année, selon les arrivages de dons : 4 fois par an pour les produits d’hygiène, 1 fois par mois pour l’alimentaire sous forme de colis adaptés aux constitutions des familles,  vêtements 1 fois par mois… 200 tonnes ont ainsi été distribuées l’année dernière.

Retour au QG de MSF pour un briefing autour d’un déjeuner pris en commun. C’est là l’occasion de mieux connaître l’action de nos hôtes, on discute :

"Au niveau mondial, MSF répartit ses actions par le biais de plusieurs pôles décisionnels  situés en Australie, en France et en Angleterre ; la maison mère se situant en Californie. Nous parlons des relations de l’association avec les instances locales auprès desquelles des rapports annuels sont établis. Il est aussi question du partenariat avec les services sociaux de la ville qui oriente des familles dans le besoin vers MSF. Outre les aides matérielles et morales, MSF finance chaque année un projet d’été : un groupe d’enfants passe quelques jours au bord de la mer adriatique en Croatie…"

Nous parlons finalement de notre future coopération et déterminons les besoins en fonction des catégories de produits qui sont plus où moins faciles à importer (réglementations et considérations douanières…). Confiants à l’issue de cette première journée, nous concluons la réunion par un engagement de Partir-Offrir, pour une période de 3 ans correspondant à la durée restante du programme actuel de 5 ans engagé par MSF. La fréquence de nos venues pourrait être de 2 fois par an (printemps et automne).

Le Système social en Bosnie : "Il existe dans ce pays une « carte sociale » permettant la prise en charge des soins médicaux, des examens et des traitements… Pour l’obtenir il faut être sans emploi et ne pas posséder de biens propres. Le souci majeur réside dans le fait que cette carte coûte 25 Euros par personne et par an. Elle reste inaccessible pour beaucoup de gens."

Nous nous posons la question d’un éventuel financement par Partir-Offrir de telles cartes, sous forme de parrainage… Mais il s’avère finalement que les médicaments et autres actes médicaux ne sont pas toujours pris en charge comme ils le devraient, le système présente encore beaucoup de dysfonctionnements. L’exploitation de cette carte est finalement limitée et aléatoire.

 

Vendredi 25 Avril

Ce matin tout le monde est « sur le pont » pour plier bagages : chacun s’affaire à rassembler et ranger ses affaires personnelles et préparer les camions pour le départ, direction la France.

Dernier « Turkish coffee » avec nos amis de MSF… Des « au revoir » toujours trop tristes et pénibles ; ce ne sont pas des adieux : C’est sûr nous reviendrons, les besoins sont criants et notre première intervention ici nous a donné du cœur à l’ouvrage.

9h30, c’est parti, notre petit convoi s’ébranle pour affronter le long ruban de macadam qui nous séparent de nos foyers respectifs. Go West ! Il fait un temps magnifique, et c’est par de petits axes secondaires que nous nous dirigeons vers la frontière. Par ici, la campagne au bord de la Neretva que nous longeons, ressemble par endroits à une immense décharge de détritus et de sacs plastiques qui volent au vent (là encore, signe d’une profonde désorganisation du pays et de la pauvreté des moyens locaux…). Régulièrement, aux détours de ces petites routes, c’est une nouvelle ruine de maison ou de hameau que nous découvrons…

Bientôt le poste douanier est en vu. Le passage se fait sans encombre ; il est toujours plus facile de passer à vide ! Curieusement, les douaniers s’intéressent tout particulièrement à l’identité de Laurent : prise de notes détaillées et vérification complète. En négligeant pourtant de tamponner son passeport : Laurent n’est donc jamais officiellement sorti de Bosnie !  A contrario, Jérôme, lui est sorti deux fois !  Il est gratifié de 2 tampons à des pages différentes ; allez comprendre quelque chose !  Sans plus contester cette logique implacable, la frontière est passée… et une !  Bonjour la Croatie, Bye Bosnie…

La côte adriatique est décidément superbe. Nous longeons la mer sur environ 700 Kms.

13 heures, nos estomacs crient famine et nous décidons d’une halte restauration sur la plage. De telles poses ne s’oublient pas : Petite baignade pour les plus téméraires ou plutôt pour les moins frileux : Christian, Laurent et François (nous ne sommes pas encore en été et l’eau est assez fraîche ; même si la température extérieure doit tourner autour des 25 degrés…).

Même si les lieux sont idylliques et nos casse-croûtes succulents il ne faut pas trop traîner et reprendre notre route. Nous mettrons 12 heures pour quitter la Croatie et ses paysages rocailleux plantés d’agaves et d’oliviers.

Traversée de l’Italie de nuit, tranquillement… Venise, Vérone, Padou, Milan, des noms qui donnent  envie de s’arrêter ! Mais à trop regarder les panneaux aux noms mythiques, Fanny rate une intersection ; Oups ! Et voilà le Boxer hors convoi, perdu tout seul !

Don’t panic ! cool Raoul..., un p’tit coup de portable, un p’tit demi-tour au péage suivant en expliquant notre situation (passage gratis, Merci !), suivi de quelques intersections bien négociées et nous nous retrouvons sur une aire d’autoroute du côté de Turin, finalement en avance sur les autres camions ; c’était un raccourci !  Vive les portables !

Arrivée en France dans la matinée en passant par le tunnel du Mont Blanc, dans 12 heures on retrouvera nos lits douillets. Ce sont comme d’habitude les dernières centaines de kilomètres les plus longues et les plus éprouvantes, la fatigue se fait sentir… Pas de problème, arrivée sur Tours vers 20 heures où nous abandonnons la Caravelle : Bonne nuit Hamster jovial et Greg !

22 heures, nous arrivons du côté de Saumur, puis Gennes et Milly… Alfred doit pousser jusqu’à Angers avec sa voiture pour retrouver son bercaille, ce sera le dernier couché !

Quelle aventure !  La mission s’est déroulée sans encombre ; « on adore qu’un plan se déroule comme prévu » n’est ce pas François ! Merci à tous pour votre coopération fraternelle et votre bonne humeur… ne bougez pas MSF, on revient bientôt ! Bon courage et merci pour votre accueil… C‘est satisfaits et heureux du travail accompli que ce soir là nos yeux peuvent enfin se fermer et rêver un peu :

Dans mon rêve, au cœur d’un paysage blanc d’hiver, il y avait un petit moineau dans son arbre,

posé au dessus d’une branche morte, il comptait attentivement les flocons de neige qui tombaient doucement dessus.

Il neigeait fort et nombreux étaient les flocons à se déposer avec légèreté sur la branche sous le petit piaf.

Le moineau en avait déjà compté beaucoup, beaucoup, mais soudain lorsqu’un millionième flocon se déposa délicatement sur la branche, un grand CRAC ! fit chuter la branche morte au pied de l’arbre.

Au printemps suivant, débarrassé de cette branche disgracieuse, il était le plus bel arbre du parc.

Un minuscule flocon ne pèse guère plus qu’un petit rien ; c’est l’histoire du poids de rien dans les grandes et belles choses de notre village planète.

 

 Fanny  et  Jérôme, pour Partir-Offrir.